Anthropologie de la concertation et du compromis à Monaco

Cette recherche analyse les dynamiques identitaires, sociales et politiques à l’œuvre en Principauté de Monaco, en s’appuyant sur une approche anthropologique de la concertation et du compromis. Dans un contexte d’ouverture internationale et de pressions extérieures, Monaco incarne un exemple de micro-État capable d’articuler résilience communautaire, défense des privilèges et adaptation stratégique permanente. La première phase de cette enquête propose une analyse de l’ensemble des mécanismes qui structurent ce que les Monégasques perçoivent comme étant leur identité. Partant des données collectées, la thèse présente un modèle composé de trois niveaux de légitimation – archaïque, narratif et justificatif – qui, ensemble, assurent la continuité et la stabilité du système social monégasque. Le niveau archaïque fonde l’identité sur une mémoire collective enracinée dans le territoire par une transmission familiale. Le niveau narratif, quant à lui, organise un récit partagé autour de la monarchie, des traditions locales, et d’un patriotisme quotidien. Ces deux premiers niveaux sont poreux : ils permettent une certaine inclusion des enfants du pays dans la logique communautaire. Le niveau justificatif, en revanche, formalise l’ordre social. Il repose sur des structures institutionnelles qui figent les hiérarchies et justifient les privilèges comme étant naturels. Ce niveau joue un rôle central dans la reproduction du système, en transformant les distinctions sociales en normes perçues comme légitimes. Il établit une frontière claire entre les « nôtres » et les « autres ». Ce travail propose ainsi une lecture renouvelée de la stabilité sociale à l’ère de la globalisation, en soulignant la centralité des ressources dans la construction des appartenances collectives.